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Cabarets d'hier, lycée d'aujourd'hui
1945-1995 L'APEM, cinquante ans à Marseilleveyre
Les témoignages des présidents de l'APEM depuis 1956.

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1 . MERVEILLE Y SERA 


R. Bart, président de l'APEM  (1966-1967)
 

 

Une classe en 1961 devant la composition sculpturale : l'Espace
 

Assemblée générale des parents du lycée pilote Marseilleveyre

Merveille y sera !" Cette ingénieuse anagramme de Marseilleveyre, trouvaille du fondateur Pol-Simon, était une magnifique devise, une promesse radieuse.
La promesse devint rapidement réalité et les premières années de Marseilleveyre furent vraiment merveilleuses par ce qu'elles apportaient de nouveau, d'enthousiasme, dans la tâche combien délicate et pleine d'embûches qui est celle d'instruire et d'éduquer les "petits des hommes".
Depuis, bien des années ont passé, l'on ne crie plus aux merveilles, et certains même vont jusqu'à dire qu'à Marseilleveyre ou ailleurs... C'est à ceux-là que je voudrais m'adresser aujourd'hui.
D'abord parce que notre lycée a joué son rôle de "lycée pilote", c'est-à-dire que des réalisations qui se poursuivaient uniquement à Marseilleveyre, il y a encore dix ans, ont été étendues soit à tous les établissements secondaires, soit à certains d'entre eux : contacts parents-professeurs au niveau des 6e et 5e, observation des élèves travaillant en demi-classes en 6e et 5e également; réunions des professeurs d'une même classe pour examiner ensemble le comportement de leurs élèves; mixité des classes.
Ensuite, il faut bien le dire, parce que Marseilleveyre a vu son élan de pionnier freiné par certaines contingences administratives. Par exemple, l'effectif des classes s'est alourdi, le nombre de sections a augmenté et beaucoup de réalisations possibles dans un établissement de 600 élèves deviennent impensables dans une maison qui en compte 1700.
D'autre part, Marseilleveyre ne bénéficie d'aucun système spécial de nomination de personnel enseignant..."

2 . RESPONSABILITÉS 

 
C. Berton, président de l'APEM (1956-1963)

1961 Chavanne : les élèves de Marseilleveyre à Delphes
 

"La démission [ des parents ] est un phénomène universel complexe qui se voit dans d'autres domaines. Elle est, d'autre part, progressive. Les enfants, petit à petit, grignotent une autorité souvent épisodique et peu au goût du jour.
Je pense seulement que si le monde des enfants est à eux et doit nous être à demi-fermé, il nous faut le prendre au sérieux. La liberté dont nos enfants doivent jouir doit être, discrètement, une liberté progressive et surveillée.
 
... Je donnerai deux conseils. Tout d'abord, intéressez-vous au travail de votre enfant. Suivez ses efforts, participez aux réunions de parents, aux fêtes du Lycée. Qu'il vous sente attiré par la vie du Lycée.
Si vous connaissez les amis de vos enfants, si vous vous intéressez à ce qu'ils font, vous les verrez se développer harmonieusement, et vous pourrez leur laisser une liberté qui, grâce à un climat d'affection et de compréhension, ne sera pas une démission".

3 . DU RÔLE DES PARENTS 

Lucien Bruguerolle, président de l'APEM (1963-1965 et 1968-1970).

"[L'APEM est une] association où les éducateurs retrouvent les parents dans le même amour des enfants pour, disent les statuts,"unir l'action éducative des parents d'élèves et des éducateurs de Marseilleveyre ainsi que pour étudier les buts et les méthodes de l'éducation".
Un exemple : mai 68 - les prises de position personnelles ne furent jamais plus violentes et pourtant lors d'une assemblée extraordinaire, tous les points de vue furent exprimés et écoutés dans le calme, éducateurs et élèves, grévistes et non grévistes. C'est parce qu'il en fut toujours ainsi que le lycée pilote put fonctionner efficacement pour le bonheur de tous".

4 . LES 30 - 40 ANS D'UNE APEM QUI VEUT VIVRE... ET LE DIRE 

  Monique Galmier, présidente de l'APEM

 


 


   


   

Fête à la villa du bord de l'eau
 

"L'histoire [de ma présidence] est celle d'une période charnière entre "les beaux jours de Marseilleveyre" et l'avenir plus incertain, plus compliqué d'un ensemble lycée-collège qui doit lutter pour assurer les moyens de son fonctionnement, la vitalité de ses particularités éducatives et l'adaptation de l'une de ses institutions de base, l'APEM.
Quelle opiniâtreté dans la poursuite des objectifs de départ de cette association unique ! D'année en année, sont remis sur le tapis, réactivés, adaptés, les thèmes majeurs : relation parents-éducateurs, participation, autonomie, civisme, écologie, responsabilité. Les comportements sont révisés, les mentalités étudiées face aux nouveaux problèmes de société. L'APEM ne se lasse pas de construire, de consolider, de reconstruire.
Quel esprit de résistance !
- Aux chocs internes :partage de la représentation des délégués parents aux divers conseils avec les élus des Fédérations de parents, stress des élections, démobilisation d'une partie des familles...
L'APEM tire de ces réalités des motifs de dynamisme renforcé :" la situation ne sera plus jamais acquise, mais conquise; nous devrons chaque année justifier notre place et notre particularité" (1975).
- Aux chocs externes : Les Réformes modifient la nature même de Marseilleveyre : de lycée "pilote" il devient "expérimental de plein exercice"; les décrets d'application tombent sans les moyens nécessaires - et l'APEM entre, pour des années, et encore maintenant, dans la résistance active... Dur apprentissage qui ne lui apporte pas que des amis.
Transferts, suppression de postes, d'heures de concertation, d'activités dirigées... l'établissement s'appauvrit à mesure que ses méthodes sont généralisées ailleurs.
Mme Charavin, proviseur du lycée déclarait en 1978 : "Il nous faut préserver le meilleur de notre maison : son âme. C'est à l'APEM qu'il appartient d'entretenir la flamme de cette amitié et de cette foi."

5 . LA DYNAMIQUE DE L'APEM 

 Brigitte Escogido, présidente de l'APEM


 

 


 

"Dès le début, l'APEM s'est donné des statuts où étaient représentés paritairement parents, éducateurs et administration : ces statuts ont perduré cinquante ans, avec de très légères modifications; et ils favorisent la rencontre de toutes les parties prenantes de la cité Marseilleveyre pour collaborer, informer, discuter, proposer : c'est ce qui fait la force de l'APEM.
On peut penser aussi que les fédérations classiques de parents d'élèves sont là pour servir d'interlocuteurs. En fait elles fonctionnent comme des groupes de pression (et il en faut) : elles veulent faire valoir dans l'établissement scolaire leur approche de l'Éducation nationale, elles vont dénoncer les effectifs surchargés, le manque de professeurs et d'agents, les rythmes scolaires, en mettant un accent différent suivant leur sensibilité ; autant de problèmes dont la solution n'est pas dans l'établissement mais au rectorat ou au ministère.
À l'APEM, ces préoccupations demeurent au premier plan, mais les actions dans ce sens sont conduites en concertation par les parents et les éducateurs. C'est pourquoi il n'est pas concevable de réduire l'APEM à une simple association de parents. La mission de l'APEM est à la fois plus large et plus pratique, et c'est cette mission qui, depuis cinquante ans, la justifie.
C'est un lieu de mise en place et de réalisation de projets utiles à la communauté scolaire:
- organiser les ramassages scolaires pour compenser l'excentrage de Marseilleveyre.
- organiser une bourse aux livres pour que ceux-ci soient transmis dans les meilleures conditions.
- alimenter une caisse d'entraide des familles en difficulté, grâce à une tombola ou aux spectacles, qui s'ajoutent aux aides allouées par l'établissement.
- informer grâce aux bulletins (Journal de l'APEM, panneaux...)".