Centenaire de la naissance de Salvador Dalí
1904 - 2004 : 100 ans de Dalí

"Qu'apportait-il de nouveau ? Dalí fournissait des mystères. En plus d'une technique savante fondée sur l'étude et le respect de ses vrais maîtres, Raphaël et Vélasquez, et d'une imagination libre de toute contrainte, il apportait la poésie. Ses couleurs semblaient surgir de ses rêves et ceux-ci, écartant le monde éveillé, prenaient sa place. Aucune contestation n'est possible, on est sur la planète Dalí (à laquelle on accède, est-il besoin de le dire, par la gare de Perpignan). Et comment s'y retrouver au milieu de ces femmes à tiroirs, commodes sans rivales pour dissimuler les secrets de Freud ? Les accidents géologiques, qu'il peint avec amour, barrent les chemins. Ces rochers irisés, ces déserts crépusculaires, les sources jaillissant de pianos en ciment, ne font pas réellement partie d'une nature bouleversée, mais d'une nature bouleversante, la sienne, car il y a un mystère Dalí... 

  Dalí, en 1947, en Californie où l'artiste travaillait sur les décors d'un film avec Disney.

 

 ... Les girafes en feu illuminent un désert intérieur, le grand plateau de Castille de Saint Jean-de-la-Croix. C'est de cette meseta brûlée que monte le chant profond de Dalí qui l'apparente à Lorca tandis qu'une autre part de lui-même se cache dans l'humour...
Cependant Dalí nous fait glisser sournoisement à l'intérieur de ses toiles en apparence si lisses, si laquées. Nous voilà face à face avec la Dame qui joue du violoncelle, non, qui se transforme toute entière en cet instrument inquiétant. L'angoisse fait irruption dans notre oeil séduit... Au fond c'est toujours la même mélancolie : il faut partir sans cesse à la conquête de soi et il n'y a plus de Josué pour arrêter le soleil, le temps devient mou, tout se décompose aux yeux du vivant."

1979  Julien Green
de l'Académie française.

  Février 1933 - Le Devenir géologique

  

Note "[ Je suis allé] avant-hier chez Dalí pour chercher mon tableau... Je choisis la petite toile qu'il appelle Le Devenir géologique et qui représente un cheval en train de se transformer en rocher au milieu d'un désert. Dalí part pour l'Espagne et parle avec effroi des formalités de douane et des mille petits ennuis d'un voyage en ferrocarril, car il est un peu comme un enfant à qui la vie fait peur."

1961 - Julien Green  Extrait de Journal 1926 - 1934
 

Salvador Dalí a voulu donner au rêve les couleurs de la photographie.
Transposer, maîtriser, rendre la perfection onirique et réaliste, neuve et surprenante.  P. Hulten