Cette toile a pour thème la guerre civile espagnole qui débuta le 17 juillet 1936 lorsque le général Franco fit un coup d'état contre le Front populaire, gouvernement de la Seconde république espagnole élu démocratiquement. Quelques tableaux du peintre montrent son inquiétude devant la tragédie qui allait bientôt frapper sa terre natale.

Dans ce tableau de 1936, Dalí, comme Picasso dans Guernica (1937), condamnent la haine humaine et la destruction. Mais si Picasso s'était nettement déclaré en faveur des forces républicaines, la position de Dalí a été plus apolitique et ambiguë en évoquant un conflit de "forces instinctives". Il a décrit son tableau comme "un grand corps humain, grouillant de bras et de jambes s'étranglant mutuellement dans le délire." La grimace extatique, les muscles tendus du cou, le torse élastique, les doigts et les orteils se pétrifiant, tout contribue à créer une vision de fascination répugnante. La figure en décomposition au visage tordu de douleur est campée au milieu d'un paysage désolé. Un minuscule personnage barbu derrière une main du monstre inspecte comme un médecin légiste les viscères putrescentes avec un total détachement. Dalí écrivit plus tard : "La guerre civile... incrusta seulement en moi, plus violemment, l'horreur de toute révolution."

Dawn Ades - Salvador Dalí