LE MYTHE DE LA FONDATION
tel que me l'a conté le Sage d'entre les Sages.
* * * * *
Au commencement était Pol-Simon.
L'esprit pilote flottait sur le château.
Alentour, la forêt, la montagne, la mer.
Le silence.
Mais comme un charme étrange
émanait de ces lieux.
Des éducateurs audacieux,
en quête de l'Éternel Idéal,
entendez, de l'éducation idéale,
par une nuit d'été
eurent tous le même songe.
Et
ce songe était tel que tous virent un arbre.
Pas un chêne, un pin parasol, bien évidemment,
qui, sorti de leur tête, allait jusqu'au ciel bleu.
Une race y montait comme une longue chaîne.
Les pilotins, en bas, fondaient Marseilleveyre.
En haut, étincelait notre Cinquantenaire.
Et
chacun murmurait avec la voix de l'âme :
"Comment se pourrait-il que ceci, de nous, vînt ?"
Ainsi parlait chacun dans le rêve et l'extase,
tournant vers Pol-Simon des regards inspirés.
Pol-Simon songeait, les futurs pilotins espéraient.
1945,
c'était l'année magique où des espoirs vont naître.
Et le charme invincible opéra.
Pol-Simon
dit : "Que Marseilleveyre soit !"
Et Marseilleveyre fut.
Pol-Simon vit que Marseilleveyre était bon.
Pol-Simon
dit : "Que Marseilleveyre soit pilote !"
Et Marseilleveyre fut pilote.
Pol-Simon vit que cela était bon.
Un
grand souffle anima, dès lors, toute l'éducation.
Ainsi
parla Jean-Paul Beau, Sage d'entre les Sages.
Et moi, émerveillée, je hasardai une question : "Et après
?"
Sache-le, me dit-il, ces Pères du Lycée,
un jour se rassemblèrent,
animés d'une même foi.
Ensemble ils édictèrent,
pour leurs élèves,
de nouvelles Tables de la Loi.
"Regarde
sans frayeur le chemin de ta vie.
Prépare-le toi-même.
Pour te donner les forces nécessaires,
Nous, Marseilleveyre, nous sommes là,
avec toi."
Et
ainsi fut fondé Marseilleveyre.
Le grand arbre poussa.
Et Merveille y sera.
* * * * * * * * * * *
Mon
beau navire, vaste Lycée,
Avons-nous assez navigué
dans ce beau parc aux vingt hectares.
Avons-nous assez divagué
de la belle aube à la nuit noire.
Janine Richard, professeur
1995 Cabaret du Cinquantenaire de Marseilleveyre
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