Picasso face à l'événement : Dans Guernica..., j'exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort. |
La lecture
(clic)
de Guernica s'organise sur deux niveaux :
Au niveau de l'événement, Guernica n'est pas une scène de
bombardements, de ville incendiée, de mitraillages de civils affolés
courant au milieu de ruines fumantes en quête d'un abri. Aucune
allusion directe à des circonstances politiques particulières ou à des lieux identifiables. Toute
représentation directe d'une réalité de l'époque a été écartée. |
La fonction de signes et symboles de ces figures est multiple Ces
figures jouent comme des lignes de force visant à dénoncer à la
fois, le crime contre la petite ville basque, et contre tout un
peuple. Guernica devint rapidement le symbole des destructions massives de la guerre
moderne. En ce sens, on a pu dire que ce tableau Guernica était une
prémonition apocalyptique de la Seconde Guerre mondiale.
Nous pénétrons dans cette scène, nous avançons avec une émotion grandissante dans son univers d'angoisse, de souffrances et de mort. |
Les différentes phases d'évolution du tableau .Ces différentes phases dont témoignent les 45 études (clic) et toute une série de photographies, ont porté moins sur les thèmes que sur leur meilleure lisibilité. La composition horizontale, très allongée, réunit sept figures ou groupes de figures. Leur disposition en est claire et très raffinée, en triptyque rappelant les retables chrétiens. Composition du tableau Deux groupes occupent les plans latéraux, à droite et à gauche. Entre ces deux groupes, et s'appuyant sur les diagonales du tableau, la composition forme approximativement un triangle (clic), dont la base est le guerrier mort, son bras arraché tenant encore une épée brisée, le côté droit, la femme ployée qui avance dans une large enjambée et au centre, le cheval blessé, le cou douloureusement contorsionné vers la gauche, et qui hurle frappé à mort par une lance.
Au-dessus de la tête du cheval, le
sommet de ce triangle est signalé par
une source de lumière, telle un grand oeil divin, entouré d'une
couronne de pointes. Une ampoule à la place de la pupille. Cette
image peut aussi évoquer le soleil ou une lampe électrique qui explose... |
Comprendre Guernica... Les interprétations de ces figures peuvent différer, s'opposer même... En dépit de l'énorme intérêt que Guernica suscita de son vivant, Picasso refusa obstinément d'en commenter le symbolisme. Seule indication qui nous est donnée : le cheval martyrisé est l'allégorie du peuple qui souffre. La femme ployée paraît progresser lentement vers le cheval comme pour l'assister dans son agonie, s'unir dans la souffrance de sa révolte vaincue. Le soldat est mort en héros pour défendre la vie, l'enfant n'a même pas eu le temps de vivre et la mère, défigurée par la douleur, se retourne contre le taureau pétrifié pour lui crier sa haine. Le soleil éclate, mais une femme surgit brandissant un flambeau. Et à l'endroit même où l'épée du guerrier s'est brisée, une frêle fleur s'épanouit timidement. |
Guernica, les couleurs du deuil Nous
savons que les premières études pour Guernica étaient réalisées
en couleurs, mais... |
Une immense fresque d'un effet monumental, mais non pas oppressante Guernica
exerce une véritable fascination sur
le spectateur, transporté soudainement dans ce huis clos ésotérique de l'épouvante et de la douleur.
Il universalise une symbolique tout d'abord conditionnée par
l'événement politique, (mais dans Guernica toute détermination de
lieu est impossible). |