Sopra
un tavolo, col vestito bianco
E i
capelli sciolti in un onda d’oro,
Giaceva
mia sorella, come fanciullo che dorme.
Con
al dito l’anello della domenica.
Bimbo ingenuo, ignoravo il trapasso.
Come sapere, che era morta la sorella?
Ma
m’inquietava la sua rigidità tanto
Ch’io
piangevo e non capivo.
Ceri, feretro, corone, acqua benedetta,
Chierichetti
in mantellina viola,
Tutto
mi empiva di brividi, mi turbava,
Presentivo
uno spaventoso rito.
Mi
si dimenticava. Nessuna dolce parolina.
E
accusavo mentalmente il prete:
«Quest’uomo
nero e sfuggente come un traditore
Dunque venuto a rubarmi la
sorella?»
Nello
stupore di un sogno che sfiorisce,
Mi
avvicinai alla morta, e nervoso,
Posai veloce, spostandole i capelli,
Un
bacio dolce sulla fronte diafana.
Mi
spiegarono che ci volevano, nel cielo azzurro,
Tanti
bambini, tante ragazzine fragili,
Per
assecondare le angeliche cure
E
preparare dolci per il Padreterno.
E
quel bacio nel quale appresi la sofferenza
Si
è conservato da allora sul mio labbro
Come
aroma respirato sopra un giglio,
Un
sapore dei miei anni di speranza...
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Sur une table, avec sa robe
blanche
Et ses cheveux lâchés en un
flot d’or,
Ma sœur gisait, telle une
enfant qui dort.
Elle portait sa bague du
dimanche.
Bambin naïf, j’ignorais le trépas.
Comment savoir, que ma sœur était
morte?
Mais sa raideur m’inquiétait
en sorte
Que je pleurais et ne comprenais
pas.
Cierges, cercueils, couronnes,
eau bénite,
Enfants de chœur en camail
violet,
Tout m’emplissait de frissons,
me troublait;
Je pressentais un effroyable
rite.
On m’oubliait. Plus un mot de
douceur
Et j’accusais mentalement le
prêtre:
«Cet homme noir et furtif comme
un traître
Est donc venu pour me prendre ma
sœur?»
Dans la stupeur d’un rêve qui
se fane,
Je m’approchais de la morte,
et nerveux,
Je mis bien vite, écartant ses
cheveux,
Un doux baiser sur son front
diaphane.
On m’expliqua qu’il fallait,
au ciel bleu,
Bien des enfants, bien des
fillettes frêles,
Pour seconder les angéliques zèles
Et préparer des gâteaux au bon
Dieu.
Et ce baiser où j’appris la
souffrance
S’est conservé sur ma lèvre
depuis
Comme un arôme aspiré sur un
lis,
Une saveur de mes ans d’espérance…
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